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Le colloque principal

Le cinéma : Mémoire
et prospective

Le secteur cinématographique et audiovisuel africain est plongé aujourd’hui dans un état de crise généralisée tant au niveau de la production, de la diffusion que de l’archivage des œuvres filmiques. Ainsi, transformer la vision stéréotypée de l’Afrique contemporaine, émanciper notre continent des idées reçues et occultées par l’Occident colonialiste et néocolonialiste qui ont confiné l’Afrique à la périphérie de l’histoire universelle, revisiter et restaurer la mémoire collective et culturelle, telles doivent être les principales visées qui interpellent aujourd’hui et demain le cinéma africain à s’impliquer dans l’engagement de l’mage africaine en tant qu’outil pour l’éveil, la connaissance et la transmission de savoirs.
Et c’est dans cette optique que les thèmes clés de ce colloque ont été abordés et avec un engouement qui frôla des fois le lyrisme chez certains intervenants, tellement le besoin de la restitution de la mémoire africaine, de la reconstruction d’une identité nationale connue et développée, de l’éducation à l’image et sa portée fonctionnelle éducative, se fait de plus en plus ressentir. Et c’est pour toutes ces raisons que « Notre temps doit parler à son temps…Notre cinéma doit parler de son temps…Notre cinéma doit résister au temps. »
Le modérateur Maguèye Kassé, professeur universitaire sénégalais, commissaire général de Dak art 200 et l’un des spécialistes de l’œuvre du cinéaste Sembène Ousmane, ouvrit le bal sur un speech bien étoffé sur la problématique de la vision étriquée et complexe qui sévit dans notre continent d’où le rôle que doit jouer le cinéma africain à l’image du « tisserand » qui doit à chaque fois orienter ses navettes. Le cinéma africain,se présentant comme un outil précieux, doit donc tracer un futur de l’Afriquesur fond d’une vision de l’humain et pour se réapproprier son histoire, son identité et ses valeurs, il est appelé à éduquer et à former dans la mesure où le cinéma est un confluent de plusieurs arts pour nous situer dans le monde.
M. Abderrazak Ezzaher, professeur universitaire marocain, directeur de l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel et du Cinéma et spécialiste en Sémiotique audiovisuelle, prit la parole pour pencher vers l’option de larguer l’assistance d’une foule de questions. La représentation de l’Afrique à travers clichés, stéréotypes et images caricaturales de peur et haine véhiculées par le système colonial. Le cinéma africain est un lien, un style, un ensemble multiforme et hétérogène malgré l’appartenance continentale. Un cinéma purement, typiquement africain, est-ce possible ? La mémoire africaine au pluriel, quelles références, quelles légitimations de l’identité ? L’Afrique une nation, une narration ? Le cinéma arrive-t-il à fixer ses idéaux, à dépasser ses défis dont le financement et le réseautage ?

Toutes ces interrogations connotent un appel à affronter ces aléas et à investir dans le cinéma comme levier de développement et donc accroitre la visibilité du cinéma africain pour assurer la durabilité à toute redynamisation du rôle de l’image africaine pour éduquer et former l’africain de demain.
M. Issaka Compaoré, réalisateur et cinéaste burkinabé axa son intervention sur l’éducation par le support de l’image sur fond d’une volonté politique et une implication directe de l’Etat. Ainsi, pour véhiculer nos cultures, il faut mettre en œuvre les moyens pour une meilleure exploitation du cinéma afin d’éduquer l’enfant par l’image, il faut donc un ciment pour forger l’éducation de la jeunesse africaine qui est estimée à 60% de la population de notre continent, un continent riche d’histoire et un terrain fertile. En outre, avec l’image, on peut maitriser notre histoire, notre culture et notre identité. 0r, « avec un seul doigt, on ne peut ramasser la farine » et comme l’union fait la force, c’est à nous africains de forger l’image africaine pour valoriser notre mémoire, notre identité et surtout nos valeurs …
Enfin, le malien Mamadou Dit Mohamed Coulibaly, ingénieur de télécommunication, journaliste-réalisateur, manager et chercheur, appela, avant tous processus de décolonisation, à remettre les cadres nationaux en scène. Il s’agit surtout de reconstruire nos références et nos valeurs afin de nous libérer des séquelles du colonialisme à la base d’une dynamique éducative. Pour ce faire, il faut aussi reconstituer notre identité africaine et surtout façonner nos institutions à notre identité sur fond d’une conscientisation de notre jeunesse. Si l’Afrique s’unit, si on repense les cloisonnements vers des ensembles plus viables, plus structurés, si on reconstruit notre âme nationale, les rapports de force avec tous les systèmes confondus, qui ont provoqué des fractures ethniques au sein de notre continent, vont changer au profit d’une Afrique plus émancipée et un cinéma plus africain…

Devant un véritable flux d’intervenants tellement ce thème du cinéma africain, mémoire et prospective, est incontestablement saillant et profond, notre modérateur sénégalais Maguèye Kassé recourut à la rigueur sur la concision et sur le chrono. En général, les intervenants ont axé leurs interrogations et leurs griefs sur :

  • Les jalons d’une volonté africaine inébranlable de dépersonnalisation et de reconstruction de la mémoire, de l’identité et des valeurs de notre continent.
  • Rejet de toutes tentatives de division du continent en zones d’influence et donc de toute balkanisation de l’Afrique.
  • Notre mémoire a été occultée
  • En plus de l’image, les langues nationales s’avèrent un outil de toute reconstruction nationale, d’où la nécessité de repenser nos cinémas et nos systèmes linguistiques et éducatifs.
  • L’image, un atout capital pour refonder l’Afrique, pour préserver notre mémoire, notre identité, nos valeurs et donc pour créer le nouveau monde africain et à cet effet, nos cinéastes sont appelés à s’engager dans cette prospective.
  • Repenser la culture de la cinéphilie, la fiction cinématographique, les modes de la production et de la diffusion pour aboutir à un cinéma africain indépendant.
  • Créer un système d’archivage cinématographique africain dans notre continent…

Elazhar

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